Sous l’appellation « pescatourisme » s’inscrit une activité novatrice au service du développement durable local maritime. En Corse, les pêcheurs expérimentent le concept. Mais en Europe, le projet Transmed porté par la Sicile, permet déjà d’entrevoir toutes les possibilités en matière de tourisme pour la pêche professionnelle.

La région Pôle d’équilibre territorial et rural de l’Ornano, Sartenais, Valincu Taravu, a été choisie en tant que pilote pour intégrer le pesca-tourisme comme produit touristique local, en complément de toutes les offres déjà proposées sur le territoire.

À ce titre, son président, Paul-Joseph Caitucoli, avait convié en séminaire à Propriano les institutionnels et parties prenantes concernés par la pêche et le tourisme. Soit Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de la collectivité de Corse, le comité régional des pêches maritimes et élevages marins de Corse, les acteurs du projet Tourismed, l’ATC, la DDTM, l’office de tourisme intercommunal du Sartenais-Valinco-Taravo et l’office de l’environnement. Et si en raison de la neige, une partie des acteurs locaux n’a pas pu se déplacer, un débat technique enrichissant s’instaurait entre les participants, avec le concours de Yannick Léger, chargé de développement au sein du PETR.

Développement et législation

Charles-Antoine Pasqualini, expert en développement durable, Paul-Jo Caituccoli, Pierre-Jo Filiputti, président de la commission de la pêche maritime à l’assemblée de Corse, Antoine Duval du comité régional de pêche ou encore Tomaso Scavone de Tourismed Sicile, se sont relayés à la tribune pour mettre en valeur la promotion du patrimoine humain et culturel que représente la pêche professionnelle. Rémi Bellia, expert international, argumentait en visioconférence avec le Team Leader du Farnet (réseau européen des zones de pêche) pour évoquer les différents cas de pescatourisme et l’évolution de la réglementation en la matière. Concrètement, le séminaire de Propriano a présenté les résultats du projet Tourismed inscrits dans le programme des fonds Interreg Med, dont la Corse est l’un des territoires d’expérimentation, et a fixé l’objectif de définir un business model du pescatourisme à l’échelle de la Méditerranée.

Le président Gilles Simeoni à l’écoute

Malgré une météo détestable, le président Simeoni tenait à clore ce séminaire de Propriano en tenant compte des thématiques abordées. Il ne manquait pas de rappeler tout l’intérêt de la collectivité de Corse pour la pêche professionnelle. En tant que président de la commission des Îles de la conférence des régions périphériques maritimes d’Europe, il estime « que le pescatourisme s’inscrit comme une activité complémentaire intéressante. Ça marche bien chez nos voisins européens, il faut que leur expérience nous inspire en Corse et que nous trouvions une stratégie commune de développement ». Et de poser la question : « Faut-il rentrer dans un cadre législatif global ou tenir compte de la spécificité insulaire et inscrire le pesca-tourisme dans un cadre adapté aux problématiques locales ? »

Ces débats organisés par le PETR ont permis d’échanger et d’avancer tout en évoquant les évolutions réglementaires nécessaires afin que la pêche professionnelle de Corse puisse être un modèle de pêche durable dans toutes les îles de Méditerranée.

 

L’expérience de pêcheurs du Sud Corse

Du 15 septembre au 15 octobre, cinq pêcheurs de Propriano et Tizzano dont Antoine Duval, présent au séminaire, expérimentaient un « Tourismed » en partenariat avec l’office de tourisme intercommunal. L’opération remportait un franc succès avec l’embarquement d’une centaine de passagers à bord des navires de pêche. Ces derniers confiaient leur plaisir d’avoir découvert le quotidien des pêcheurs insulaires. Et au travers de cette activité, les pêcheurs eux-mêmes, témoignaient des réalités de leur profession et confirmaient leur rôle d’ambassadeurs de la mer et du patrimoine marin de la Corse.

CATHY TERRAZZONI